Y’a pas personne qui touche à ma vulve (pis c’est ben parfait d’même!)

drapeaux orientations

Titre un peu choquant. Confusion. Je vais résumer le pourquoi du comment en une phrase, pi après j’vas nuancer.

Je suis asexuelle.

Dekossé?

Alors, faut que je me retienne de faire Asexualité 101.  Je vous renvoie à la page d’AVEN (Asexuality Visibility and Education Network). Voici tout de même la définition de base : « qui ne ressent pas ou très peu d’attirance sexuelle pour qui que ce soit ».  Faut quand même que je précise. Asexualité n’égal pas abstinence (c’est une orientation, pas un choix!) Yes, it’s a thing.  Aussi, je ne suis qu’UNE personne asexuelle. Les expériences des personnes asexuelles sont très variées.

Ceci étant dit.  Pourquoi personne touche à ma vulve (y compris moi), pi pourquoi c’est parfait? Parce que ça a pas toujours été comme ça.  Nombreuxes (ok c’est relatif) sont celleux qui ont touché à ma vulve. C’était consentant. L’asexualité est méconnue, alors tu assumes que tu es sexuel-le par défaut.  Je pensais être une « late bloomer ».

Ben, si les personnes sexuelles ont du sexe pi que ça les rend heureuses, je suis contente pour elles. Moi, ce qui me rend heureuse, c’est de pas en avoir!

Je lis sur le festivulve, ça parle de libération sexuelle, d’égalité des jouissances.  Et je trouve ça super. Vraiment! Car comme la plupart des personnes asexuelles que je connais, je suis super sex-positive.  Oui, oui! Ne pas oublier que l’asexualité est une orientation et pas une mentalité. Genre, tu peux être hétéro et trouver que le sexe entre deux personnes de même genre est super pour ces personnes.  Ben, si les personnes sexuelles ont du sexe pi que ça les rend heureuses, je suis contente pour elles. Moi, ce qui me rend heureuse, c’est de pas en avoir!

Bref, quand je lis ça, j’ai un intérêt disons… une curiosité scientifique.  Mais je ne peux pas « relate ». Ça ne me concerne pas. Car voyez-vous, je me suis jamais masturbé.

Ok.  J’ai essayé.  Mais ça a jamais marché.  Et j’ai essayé de bien des façons.  Doigts, dildo, vibro-masseur, par la pénétration, par la stimulation du clitoris, avec de la porn, avec mon imagination, etc… Rien.  Je crois que j’avais 18 ans, la première fois que j’ai essayé de me masturber. Et pas parce que je voulais découvrir mon corps. J’ai jamais pensé à ça par moi-même.  J’ai juste appris que c’était ça qu’elles faisaient, les autres personnes. Les personnes normales.

J’avais fucking honte d’être encore vierge. Je l’avouais pas à mon entourage. Les gens autour de moi parlaient beaucoup de sexe.

J’avais aussi 18 ans quand j’ai eu ma première relation sexuelle.  Pourquoi avoir voulu ça si je suis asexuelle? Bah je savais pas que c’était une possibilité!  Je pensais que j’aimerais ça, comme tout le monde. Tsé, tu te fais dire depuis toujours que c’est la meilleure affaire au monde.  Pi en plus, j’avais 18 ans. J’avais fucking honte d’être encore vierge. Je l’avouais pas à mon entourage. Les gens autour de moi parlaient beaucoup de sexe.  J’essayais de ne pas faire paraître mon manque d’expérience, mais il était temps que ça cesse.

Mon premier ex.  Un homme cis. C’était pas irrespectueux ou précipité.  C’était très correct, pi j’avais l’impression que ça me tentait.  Tsé, on mouille pareil. C’est un réflexe naturel.

Mais OUCH.  Ça a fait tellement mal.  On a arrêté ben vite.

Calisse.  Je suis allée m’acheter un dildo.  Pour la raison la plus TRISTE au monde.  Pour m’élargir. Pour être capable de continuer, la fois d’après.  Alors je le gardais en moi pendant quelques heures parfois. Ou je me donnais des coups brutaux, pour que ce soit moins pire quand ça allait être avec mon partenaire.

Après quelques relations sexuelles, ça marchait toujours pas ce « it’s fun » thing.  Je me trouvais awkward. Alors j’ai écouté de la porn. Je me demandais comment j’étais supposée réagir (quel bruit je dois faire).

On a essayé le cunni.  Je me suis dit, ça ça devrait prendre.  Meh.

MAIS C’ÉTAIT QUOI LE FUCKING PROBLÈME AVEC MOI???  Pourquoi quelque chose d’aussi simple que AIMER LE SEXE marche même pas avec moi? Calisse.  Je me suis toujours sentie différente, weird, fuckée, mais pourquoi ça en plus?? WTF! J’ai cherché, cherché dans mes souvenirs.  J’ai tu été abusée quand j’étais ptite, pi je m’en souviens pu? Ben non. Alors pourquoi?

Je m’inventais un genre de désir parce que oui, je me sentais tellement weird que je mentais sur mon manque d’intérêt pour le sexe, même à mon sexo que j’allais voir pour ça!

Je suis allée voir un sexologue à mon cégep.  J’ai acheté des pilules aphrodisiaques au sex-shop (40$!).  Sauf qu’elles ont jamais servies parce que mon sexo m’a dit que c’était un effet placebo (screw you!).  Mon sexo m’a pas vraiment aidé mais tsé, j’étais pas 100% honnête avec. Je m’inventais un genre de désir parce que oui, je me sentais tellement weird que je mentais sur mon manque d’intérêt pour le sexe, même à mon sexo que j’allais voir pour ça!

J’avais 19 ans.  Un jour, alors que je faisais un travail sur les enjeux queer, je suis tombée sur un web comic sur l’asexualité,  Shades of A. Pi j’ai tellement cliqué. OMG! C’est MOI. J’ai fait des recherches et je suis tombée sur la page d’AVEN.  OMG! C’est MOI!

Mais…

Mais…

NON.  NON. Je veux pas être ça.  Personne veut être ça!! Pourquoi? FUCK!!

Personne va comprendre.  C’est pas juste. Moi aussi je veux vivre cette chose merveilleuse.  Pi j’veux pas être.. ark. La fille qui aime pas le sexe? Les gens vont me trouver prude.  Frigide…

Je voulais pas.  Faque j’ai ignoré ça.  Quand ma relation avec mon ex s’est terminée (pour d’autres raisons), je me suis mise sur un site de rencontre.  Pas de photo, pas mon vrai nom. Une fausse adresse courriel. Je voulais absolument pas que des gens de mon entourage sachent…  Ça a été mon secret le plus intime pendant longtemps. Alors j’étais là pour fourrer. Mais seulement des inconnu-es. Pourquoi? Bah je voulais pas fourrer avec quelqu’un de relié à mon entourage.  Et qu’on apprenne qu’il y a quelque chose qui cloche avec moi.

Je voulais être performante.  Pi m’en vanter. Parce que c’est super valorisé.  Je voulais donner l’image d’une femme libre, conquérante, bonne au lit.  Faque j’avais un fuck friend, pi des one-nights pour me faire de l’expérience, me pratiquer.  Pouvoir dire que j’étais active.

Mon fuck friend a ben finit par voir que quelque chose clochait.  Il m’a dit que je ne me connaissais pas assez. Et que je devais découvrir mon corps.  Me faire un devoir de me toucher tous les jours. Justement, c’était un devoir. Une corvée.  Un stress « faut que j’y arrive ». Mais ça marche PAS.

Les 5-10 premières minutes sont le fun : l’intimité, la connexion.  Mais au bout d’un moment j’avais toujours juste hâte que ça finisse pour faire autre chose de ma peau.

Puis j’ai été dans une relation pendant environ 2 ans, dans laquelle on avait du sexe régulièrement.  Parfois ça faisait mal, souvent c’était inconfortable. Mais surtout, plate. I mean. Les 5-10 premières minutes sont le fun : l’intimité, la connexion.  Mais au bout d’un moment j’avais toujours juste hâte que ça finisse pour faire autre chose de ma peau. De mon temps. Genre, n’importe quelle autre activité était plus intéressante/pertinente pour moi.

Le pire pour moi était d’exagérer le plaisir que j’en retirais.  C’était la plus grosse source d’inconfort et de stress. J’ai jamais faker l’orgasme, mais j’ai exagéré mon enthousiasme si souvent que je faisais pu vraiment la différence entre mes vraies réactions et les fausses.

Il y eu un temps où j’aimais ça, le sexe (au début de la relation).  Alors j’ai cru que j’étais « guérie ». Mais ça a passé, et à la fin, avoir du sexe 1 jour sur 2 alors que c’était une corvée, ben j’en pouvais pu.  Alors de moins en moins ça arrivait, pi mon partenaire comprenait pas et me mettait de la pression pour qu’on revienne à un beat plus régulier. Mais pour moi, même une fois par semaine était rendu pénible.  Puis on s’est séparé-es (pour d’autres raisons).

Après s’est ensuit un processus d’acceptation de mon orientation.  J’ai découvert la communauté asexuelle à Montréal. Criss que ça a fait du bien de rencontrer des gens « comme moi »!

Après s’est ensuit un processus d’acceptation de mon orientation.  J’ai découvert la communauté asexuelle à Montréal. Criss que ça a fait du bien de rencontrer des gens « comme moi »!  J’ai commencé à faire mon coming out aux personnes importantes pour moi et j’ai donc pu commencer à être moi-même. Ça a surpris les gens, je m’étais fait cette image de fille qui aimait le sexe (j’en parlais beaucoup, pour compenser!)

Pourquoi faire un coming out asexuel?  Pour les mêmes raisons qu’un coming out homosexuel.  Être honnête sur la façon dont je vis mes expériences. Pouvoir en parler sans omettre des détails.  Parce que les gens parlent souvent de sexe, et ne pas participer est suspect. Et donc tu es dans un dilemme constant : te outer, ou mentir.  Tout le temps. Et mentir à mes proches, ça devenait lourd.

Pi je me suis dit pu jamais que je vais avoir des rapports sexuels si ça me tente pas.

Dans la dernière année j’ai fait beaucoup de cheminement.  Je trouve maintenant que, je voudrais pas changer mon orientation.  Je me sens bien comme ça, je sens pas de manque dans ma vie. Les seules raisons pourquoi je n’acceptais pas mon orientation, c’était les attentes de la société.  La peur d’être seule, d’avoir l’air prude, de pas être comprise, etc. Mais sans tout ça, je suis ben satisfaite d’être comme ça. J’ai aussi découvert que, ça se peut, être heureuse en étant asexuelle.  Y’en a qui l’acceptent. Yay!

Je suis pas totalement out, mais mon prochain objectif est de participer à la pride l’année prochaine.  Et maintenant, je veux en parler. Anonymement pour l’instant…

Toujours devoir expliquer, éduquer. Me justifier. Défendre mon identité. C’est pas juste une passe! C’est pas une maladie.

Parce que je me suis tellement sentie bien de voir que j’étais pas seule.  Que c’était pas une anomalie. Je veux que les prochaines générations ne passent pas par ce que je suis passée. Et par ce que je passe encore!  Toujours devoir expliquer, éduquer. Me justifier. Défendre mon identité. C’est pas juste une passe! C’est pas une maladie.

Je ne sens plus de pression pour me masturber pour être comme tout le monde, pi pu personne touche à ma vulve.  Je me sens vraiment libérée aujourd’hui d’être rendue à vivre en accord avec mon orientation sexuelle.


asexuel1BIO DE L’AUTEUR.E : Très sex-positive, AladdinSane (pseudonyme) tient à cœur de rendre l’asexualité plus visible qu’il lui est possible. Son manque d’intérêt personnel pour tout acte sexuel ne change pas que ce sujet a toujours piqué son intérêt, au point d’envisager de faire le bac en sexologie à l’UQAM (avant de se rendre compte à quel point celui-ci était cis-hétéronormatif).

12 réflexions sur “Y’a pas personne qui touche à ma vulve (pis c’est ben parfait d’même!)

  1. pas besoin d’être sexuelle pour aimé se faire cajolé,,,les préliminaires me suffit,,,,c’est la partenaire qui veut plus,,,je n’aime pas cela mais je ne disais mots par contre,,,,maintenant je suis seule et je ne me masturbe même pas et je peu dire que je suis heureuse sans sexe,,,,!!!!

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    • On se comprend 🙂 moi aussi j’aime embrasser et me coller et je peux ne faire que ça avec des personnes qui respectent mes limites. Alors des calins à l’occasion et pas de sexe. Yeah!

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    • Je te comprends! J’ai eu cette peur comme plusieurs asexuel-les. Je l’ai vu avec des personnes en vrai et aussi sur internet. Les relations amoureuses sont définitivement plus difficiles entre personnes asexuelles et personnes sexuelles, mais possibles avec beaucoup de communications et des compromis, selon ce avec quoi les deux personnes sont confortables. Il y a aussi des personnes asexuelles qui sont ensemble et c’est sûr que de ce côté, ça peut être plus simple. Mais il y a moins de personnes asexuelles et donc les chances de tomber amoureuse d’une personne asexuelle sont plus minces. Aussi, il y a le polyamour. Plus de personnes polyamoureuses sont ouvertes à des relations amoureuses sans sexe. Bien-sûr, ce n’est pas fait pour tous le monde! Mais de mon côté, j’ai commencé à m’intéresser au polyamour à cause de mon orientation et que je ne sentais pas de jalousie qu’un-e partenaire couche avec qqn-e d’autre (je préfère ça que avec moi! haha) Je n’ai pas d’amoureuxe pour répondre à ta question. Dans mon cas, je ne ressens pas le besoin d’être en couple et je suis plus comblée par mes amitiés que par une/des relation(s) amoureuse(s). Mais tout le monde n’est pas comme moi.

      Je te conseille fortement de venir à un meetup mensuel de la communauté asexuelle de Montréal. Ça fait tellement du bien de parler de comment on se sent et entendre les témoignages de personnes qui ont vécu des choses similaires. Qui se sont senties brisées, étranges, seules dans un monde qui tourne tant autours du sexe!

      Il y a au moins un meetup par mois. Les meetups sont annoncés sur la page meetup et sur la page facebook. Nous avons aussi un groupe secret sur invitation car c’est pas tout le monde qui est prêt-e à ce que tout le monde sache qu’on est asexuel-le. Il y a dans le groupe des personnes variées, tous âges, tout genre etc.

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      • Bonsoir,
        Je ne suis pas de la région du grand Montréal,,,j’habite la côte-nord,,,Port-Cartier pour être plus précise,,,je suis certaine du bien être de ce retrouvé en groupe,,,,j’en connais long sur ce sujet,,,comment rentré en contact avec le groupe fermé? je suis consciente que la confiance n’est pas donner,,,,Je t’explique de qui je suis et tu n’as qu’à faire ta recherche si ce n’est pas déjà faite,,,,,Dans mon physique (mon cerveau) je fus blesser à cause d un accident automobile en 91 qui m’a laisser hémiplégique du coté droit,,,pas bien bien dangereuse et c’est peu dire,,,,Si tu veux faire partie de mon facebook ,,,,j’accepte que peu de gens enfin ,,,,,j’ai 49 ans et toi?

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  2. non je n’aie personne dans ma vie présentement et cela ne me dérange même pas,,,je suis rendu-là dans ma vie,,,,,je ne sais si je suis asexuel car j’ai mes goûts (pas de poils) au visage,,,tout ce que je sais c’est que ce texte est venu chercher une partie de moi qui pouvais sortir comme de placart enfin,,,,je vois que je ne suis pas seule,,,,,!!!!

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    • Ça me fait tellement plaisir de voir que tu t’es reconnue dans mon texte! C’est effectivement un soulagement de voir qu’on est pas seule. Je connais le sentiment! Moi aussi j’ai des préférences physique comme la plupart des personnes asexuelles. Je vis d’autres types d’attraction par exemple j’aime ça les calins et embrasser. La plupart des personnes asexuelles peuvent quand même tomber amoureuses et vouloir être en couple, et ou une famille etc. Moi ce n’est pas mon cas.. je suis asexuelle ET aromantique. Si tu es curieuse ou sens que ça te ferait du bien, je te conseille vivement de venir à une rencontre de la communauté asexuelle de Montréal. Parler avec d’autres m’a permis d’apprendre à mieux me connaître et me comprendre et j’en suis d’autant plus heureuse maintenant. Nous nous rencontrons au moins une fois par mois. C’est annoncé sur la page meetup et sur la page facebook. Nous avons aussi un groupe secret sur invitation car c’est pas tout le monde qui est prêt-e à ce que tout le monde sache qu’on est asexuel-le. Il y a dans le groupe des personnes variées, tous âges, tout genre etc.

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      • J’ai oublié de préciser que les meetups sont aussi ouverts aux curieuxses, pas besoin de te dire asexuelle pour venir. Seule toi peut décider si ce terme te convient 🙂

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  3. Salut Nathalie, il y a plusieurs personnes personnes qui ont ton nom sur facebook!… J’aimerais bien t’ajouter et ainsi t’ajouter au groupe privé, mais aussi je veux garder l’anonymat. Alors… je me suis fait une nouvelle adresse courriel, tu peux m’y écrire: al-sane@myself.com

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