L’égalité des jouissances, par Mel Goyer

Par ce témoignage, j’espère sensibiliser ceux qui croient (à tort) que leur gros pénis fait toute la job. 

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« T’étais le meilleur fake orgasme que je n’ai jamais eu! »

Dernièrement, j’ai lu un texte qui m’a secoué. Faker l’orgasme. En résumé, pour se confondre avec l’image qu’on attend d’elle, une fille feint l’orgasme vaginal. Jusque-là, je pense : « Ça va, t’es pas la première qui veut avoir l’air d’une pornstar ». Ensuite, devant la pression qui s’alourdit, elle décide de feindre également ses orgasmes clitoridiens, bien qu’elle puisse jouir en se masturbant. Au moment de lire ce passage, mon cerveau peine à continuer car il est dérangé par 2 choses. La première, c’est mon réflexe (je n’ose même pas appeler ça une réflexion) d’associer la sexualité à un concours de performance pornographique. Le deuxième truc qui me prend au dépourvu, c’est l’idée de feindre un orgasme qu’on sait pouvoir se procurer.

Qu’est-ce qui pousse une fille saine d’esprit à encourager un comportement qui manifestement, ne lui procure que peu de plaisir ? Pour quelle raison ne va-t-elle pas jusqu’au bout quand elle sait pouvoir y parvenir ? La première réponse qui me vient, c’est la peur de la réaction de l’autre. On vit à une époque où le modèle actuel encourage davantage les fellations profondes qu’une profonde communication entre les participants. En plongeant dans mon passé lointain, je me suis souvenue de quelques mecs que j’ai choqués en leur avouant la « triste » réalité : non, leur pénis ne m’avait pas fait jouir.

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À gauche, un pénis. À droite, un clitoris. Si c’est correct pour un homme d’utiliser son grand clitoris, j’vois pas ce qu’il y a d’anormal à ce qu’une femme se serve de son petit pénis pour atteindre l’orgasme!

Watch out la réaction ! Instantanément prêts à défendre leur honneur sur la tête de leur ex qui se claquait des orgasmes multiples grâce à leur engin, à chaque fois, sans exception. Rares sont ceux qui se sont remis en question. Un homme qui me ramonait comme une cheminée m’a déjà traité de frigide parce que je ne « réussissais » pas à avoir un orgasme avec son pénis ! Un autre, qui devait se prendre pour Freud, m’a comparé à une femme juvénile qui, lorsqu’elle aurait atteint sa maturité sexuelle, saurait jouir avec son pénis. Puisque 80% des femmes ont besoin de caresses clitoridiennes pour atteindre l’extase, j’admets qu’ils étaient dans le champ (je me demande d’ailleurs ce que je foutais avec eux). Ces champions de l’ignorance me permettent d’avoir de l’empathie pour cette fille qui a préféré faker au lieu d’argumenter.

Ce genre d’absurdités m’a motivé à chercher un modèle plus près de la réalité, une identité sexuelle renouvelée. Dans son livre « Qui sont ces femmes heureuses ? », Yvon Dallaire compare l’homme à un chalumeau et la femme à un four. Pendant longtemps, j’ai essayé d’être un chalumeau. Mon four n’avait pas vraiment le temps de chauffer alors mon orgasme prenait le bord.
C’est trop compliqué, on ne se connaît pas assez, on n’a pas le temps, il a joui ou s’est endormi trop vite, j’ai eu du fun quand-même, etc.
Toutes sortes d’excuses de marde pour éviter de réclamer mon plaisir à grand cri. Quand j’ai touché le fond de l’insatisfaction et paradoxalement, lorsque j’ai commencé à m’estimer davantage, j’ai appris à me responsabiliser pour ma jouissance, à exprimer clairement mes besoins, mes limites, mes désirs, à écouter ceux de mon partenaire aussi.

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L’équilibre entre la sensualité et la virilité. Le yin et le yang…

J’adore les « chalumeaux ». Ça ne m’empêche pas de penser que le vrai savoir-faire masculin ne concerne pas la satisfaction des femmes en « général », mais plutôt la capacité de faire monter la température du « four » devant lui, d’honorer celle qui est dans son lit, présentement.
Comment est la connexion entre vous ? L’as-tu regardé dans les yeux et embrassé passionnément avant de l’enfiler en position levrette ? As-tu pris le temps de la déshabiller ou tu es du genre focus-phallus ? Si elle accepte de te faire une fellation, oses-tu lui faire un cunnilingus? Si tu as un orgasme, vas-tu lui permettre d’en avoir un aussi ? Me semble que ça va de soi… pas toi ?

Je pense qu’il est important de clarifier un truc pour éviter les malentendus. Personne n’est obligé de donner un orgasme à personne. Chacun est responsable de sa jouissance personnelle. Par contre, lorsque tu t’engages dans une relation sexuelle, c’est winner de prendre en considération le plaisir de l’autre, pas juste le tien. (Ce concept est également valide dans la vie en général, just sayin’)

IGNORE
« Aaaaah ouiiii bébé! Ignore-moi encore plus!!! »

Si, pour X raison, tu refuses de masturber ta date d’un soir ou de lui faire l’amour oral, il existe d’autres moyens de l’assister vers le 7ème ciel ! Tu peux retarder ton éjaculation en ralentissant le rythme afin de lui laisser le temps de faire chauffer le four. Tu peux stimuler d’autres zones érogènes (si tu ne sais pas où et comment elle aime se faire toucher, demande-lui !). Tu peux lui susurrer des trucs qu’elle aime entendre, pendant qu’elle met le four à broil toute seule, comme une grande fille. Parfois même, tout ce qu’il y a à faire, c’est de rester à ses côtés, sans rien dire ni rien faire ; ton amour et ta présence suffisent.

Une chose est sure, c’est que les « fakeuses d’orgasme » encouragent les gars à croire qu’ils baisent comme des dieux quand en réalité, ils baisent comme des pieds. « Le cercle vicieux commence : plus tu fais semblant, plus la personne croit que tu aimes cela. Donc ton partenaire apprend à connaitre… ce que tu n’aimes pas. »  Tous deux sont victimes de la porn et déconnectés du bonheur d’une sexualité épanouie.

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Kauri* ressemble à cauri, un coquillage en forme de vulve, un bel emblème de l’organe féminin. * Déesse indienne qui dispense le karuna, l’amour sous toutes ses formes.

Bref, j’aimerais que mon témoignage porte espoir, malgré le travail d’éducation qui s’impose. Je souhaite en inspirer certaines à prendre leur plaisir en main lors d’un échange intime avec un mec peu averti. J’espère de tout mon cœur que de plus en plus de personnes délaisseront la performance sexuelle afin de réellement connecter avec l’autre. Je rêve de convaincre le plus grand nombre de femmes de rendre hommage au « four » qui les symbolise, en cultivant leur rythme, tout aussi digne de respect qu’un autre…

Devant le poids du géant pornographique, unissons nos forces dans le but de rétablir ce précieux équilibre entre les deux énergies sacrées. Rassemblons-nous pour honorer la sexualité féminine afin de faire passer le message que l’égalité des jouissances, c’est une responsabilité que portent les partenaires concernés, ne serait-ce que le temps d’une soirée… 


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Dans un appart de Montréal, Mel Goyer a fondé le mouvement du Vagin Connaisseur et le projet Les 3 font le mois. Une femme passionnée également Coach PNL, conférencière et activiste. L’authenticité, la liberté et la cohérence sont ses principaux guides terrestres. Le mot clé de son quotidien est « ACTION! » car Mel désire faire une différence dans le monde d’aujourd’hui. Une visite sur son SITE WEB ou sa PAGE FACEBOOK ?

Si tu veux savoir comment participer à l’émancipation du savoir féminin, clique ici

14 réflexions sur “L’égalité des jouissances, par Mel Goyer

      • Bonjour à toi oh merveilleuse Mel. Quel beau text vraiment. Je crois que la source du problème est que le modèle masculin idolâtré présentement, les fameux sexe symbole, ce sont des ti bad boy de marde qui se pense bien fort, mais au fond ils sont vraiment faible quand ont considère comment facilement ils se laisse aliéné par un ensemble de valeurs de marde qu’impose le système de marde. Les bons hommes, qui en apparence sont faibles, sont vraiment fort au fond de resister a la tentation de faire comme les autres. Bref, je prie pour qu’un jour les femmes considère plus les bons que les cons, ce jour la venu,j’en aurai fini avec la masturbation pour de bon hahaha

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      • Je trouve également que le mot « marde » a plus d’impact ^_^

        Je n’ai jamais fait partie des mecs clichés dont tu parles dans cet article… Mais j’ai fait partie d’un autre genre de mecs clichés:
        Quand j’étais adolescent, je pensais que les nanas qui gémissaient un peu trop fort, ne me respectaient pas. Je pensais que je leur donnais tellement pas de plaisir qu’elles étaient obligées d’en faire des tonnes pour ne pas entraver ma virilité. Un acte altruiste (si ça avait vraiment été le cas) mais avec ma manière de fonctionner ça me frustrait plus qu’autre chose, jusqu’à ce que je comprenne que ces gémissements sont eux aussi une source de plaisir potentiel (chez l’homme aussi), c’est aussi une autre manière de se « donner », de s’investir dans le moment et je comprends maintenant, je crois que les hommes, en général, mettent plus de temps à comprendre ces trucs là et y voient souvent plus une sorte d’insulte à leur virilité ou à leur intelligence (émotionnelle), ils n’ont pas vraiment confiance en l’autre, en quelques sortes ils sont, au début de leur sexualité, aussi paumés que n’importe qui de n’importe quel sexe, dans ce contexte.

        Je pense que les hommes ne sont pas forcément insensibles au plaisir de la femme et ne pensent pas forcément que ce plaisir doit venir de leur verge, d’ailleurs ce genre de mecs me semble être devenu une espèce en voie d’extinction pour être tout à fait honnête, enfin, peut-être pas si tu les pèches dans une boite de nuit pour frimeurs hémiplégiques du dimanche.
        Cela dit, j’ai déjà bien pu remarquer que l’ébat à tendance à prendre fin au moment où l’homme éjacule, ça représente bien les standards mis en place au fil des siècles. Mais une éjaculation et un orgasme, y a un monde de différence, un homme pourrait très bien « terminer » sans avoir vraiment eu bon, simplement après avoir joui, l’organe se transforme bien souvent en chewing-gum et la tension sexuel redescend elle aussi directement. Ou tout simplement, on n’est pas non plus forcés d’être « physiques », certains hommes sont avant tout cérébraux.
        Personnellement je fais partie d’un autre groupe de mecs lourds, ceux qui ne « viennent pas » ou rarement, haha. Il y a quelques années je sortais avec des filles qui me le reprochaient souvent: « Tu ne m’aimes pas vraiment ? », « je t’excite pas, en fait ? », et-cetera, ma confiance en moi et en l’amour en a pris un sacré coup et depuis, ce n’est pas de satisfaire que j’ai peur, je redoute plutôt le fait de ne pas moi-même être satisfait et qu’on m’en veuille pour ça ou de décevoir de cette façon.
        Alors qu’en définitive, mon plaisir, mon pénis et ce qui en sort ne sont pas tant que ça liés.

        Oula, je m’arrête ici, j’ai tellement envie d’écrire un gros pavé mais j’ai plein de trucs à faire…

        Chouette article cela dit, bravo à toi 🙂

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  1. Bonjour, je suis très heureuse de lire cet article, cela fait un certain temps que mes diverses lectures autour du developpement de soi et entre autre sur le tao sexuel et le tantrisme, et que des discussions aves des amis, m’amènent à penser ce que tu défends. Nous ne savons pas faire l’amour dans le sens que c’est mal appris, que les sources d’apprentissages sont faibles et l’ethnocentrisme des sociétés occidentales ne donne pas le reflexe d’aller plus loin que la première lecture du kama-sutra. Je te remercie de mettre des mots sur le comportement des femmes dans le rapport sexuel. J’ajouterai que nous, femmes, souffrons au quotidien de la peur d’être mal aimées et par conséquent on ose pas etre nous même et nous affirmer. Alors je te rejoins dans le mouvement pour une meilleure sexualité et une meilleure affirmation et exploration des femmes et des hommes dans leur complexité.

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    • bonjour
      Je ne pense pas que l’on puisse dire qu’un homme sache faire l’amour ou non…si il suffisait qu’un homme sache se servir de sa langue…il n’y aurait guère de difficultés…c’est l’empathie cognitive et sensuello-érotique, très liées qui font l’orgasme….d’ailleurs à l’inverse un homme complètement focalisé sur le plaisir de sa partenaire ne sera jamais un bon coup car cette dernière aura du « coup » tjrs une petite part de frustration et la relation sexuelle manquera de plenitude….donc je pense que l’empathie est première…l’idéal étant sans doute…de s’aimer…

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  2. Analyse réductrice vis à vis de l’homme. A contrario de l’époque de nos parents, où la satisfaction de monsieur prédominait et madame s’en satisfaisait par manque de connaissance ou dialogue, cela n’a plus court aujourd’hui, d’autant pour la génération 40-50 ans. A ce jour, Les femmes, épouses, assument et revendiquent leur sexualité et droit à la jouissance. L’avènement des toys féminins, toujours plus performants et adaptés, a été salutaire pour la femme dans la reconnaissance d’assouvir et satisfaire leur désir. L’homme est un accompagnateur dans ce sens et se doit d’être à la fois performant mais aussi complice des désirs de sa compagne. Il en trouve une certaine satisfaction typiquement masculine mais l’objectif n’est pas atteint en termes d’échange et de complicité vis à vis des désirs de l’un et de l’autre. L’homme est actuellement impacté par la performance de devoir rendre une « une copie parfaite », appréhendé par la jouissance solitaire dont peut se procurer la femme et son devoir et statut de « mâle » d’y avoir participé.

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  3. C’est certain que la communication est très importante. Mais avec certaines filles il est très difficile de leur faire exprimer leurs désirs même en leur demandant. Ça arrive souvent, selon mon expérience, une femme qui s’attend à ce que l’homme devine tous ses désirs et n’expliquera pas pourquoi elle ne s’est pas rendu jusqu’à l’orgasme. Certains hommes préféreront alors se concentrer sur leur propre plaisir en se disant que la femme va faire la même chose et que tout le monde sera heureux. Le problème c’est que nous avons beaucoup plus de faciliter à le faire!
    En généralisant beaucoup je remarque que plusieurs femmes prennent un plaisir fou à esperer que l’homme devinera ce qu’elle veut sans lui dire, alors que nous ont va le faire savoir si on veut quelque chose. Les filles vous devez vraiment apprendre à vous exprimer (et arrêter de faker l’orgasme) si vous voulez être satisfaite. Bien sur ensuite l’homme doit savoir être attentif, faire des efforts. C’est facile de blâmer l’homme mais les deux ont une part de responsabilité je crois! 🙂

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    • Voilà pourquoi j’ai écrit: « Quand j’ai touché le fond de l’insatisfaction et paradoxalement, lorsque j’ai commencé à m’estimer davantage, j’ai appris à me responsabiliser pour ma jouissance, à exprimer clairement mes besoins, mes limites, mes désirs, à écouter ceux de mon partenaire aussi. »

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