Que ce soit à l’école dans nos cours de biologie, de sexualité ou encore dans des revues et publicités au public cible majoritairement féminin, on a toutes déjà entendu parler de cette fameuse flore vaginale. Peut-être sans vraiment comprendre de quoi ça pouvait bien avoir l’air cette affaire-là. Pourtant, plusieurs de nos maux down there sont expliqués par un problème de flore vaginale. Comprendre son fonctionnement et sa constitution est donc essentiel pour les femmes qui bénéficient du microclimat qu’est la flore vaginale.
Pour commencer, il est important de savoir que notre corps est en majorité recouvert d’une couche de bactéries. Attention ! Qui dit bactérie ne signifie pas toujours agent infectieux et dangereux. Notre peau, nos intestins, notre bouche, entres autres, sont en fait protégés par ces microorganismes qui forment une barrière avec les éléments extérieurs. Notre vagin ne fait pas exception avec ses 1 000 000 000 bactéries par millilitre de mucus1.
Même si chaque femme est différente et que de nombreux facteurs tels l’âge, le pH vaginal, les hormones et l’activité sexuelle font varier la constitution de la flore, celle-ci est assez semblable d’une personne à l’autre. Jusqu’à la puberté et après la ménopause, à moins de traumatisme chirurgical ou sexuel, elle est représentative de la flore de notre peau et est peu abondante. Puis, la production d’œstrogène par les ovaires au début de l’adolescence jusqu’à la ménopause va provoquer la production de glycogène, un sucre, qui va nourrir les bactéries présentes et leur permettre de croître. Une en particulier, du genre Lactobacillus. Cette dernière, en consommant le sucre va produire un acide qui lui va abaisser le pH de la muqueuse vaginale ce qui explique l’acidité du vagin.
Bon, c’est bien beau à savoir, mais comment ça fonctionne tout ça ?
On pourrait s’imaginer que notre flore vaginale est un party. La majorité des invités sont des Lactobacillus. Tant que ces derniers représentent la majorité des invités, c’est sain. De toute façon, la gang des Lactobacillus est tellement nombreuse et le pH ambiant tellement acide que peu de convives non-désirés vont réussir à joindre la fête et encore moins inviter leur amis. Par contre, il peut y avoir des événements imprévus qui ne sont pas toujours bien gérés par les Lactobacillus et c’est là que ça peut devenir problématique. Il y a par exemple la prise d’anovulants qui vont modifier la quantité d’hormones sécrétée, donc la quantité de sucre produit par la muqueuse. Si y’a moins de bouffe au party, les invités vont partir. Aussi, lors d’activités sexuelles, d’autres micro-organismes vont être introduits dans le vagin modifiant le ratio inconnus/Lactobacillus. Un autre exemple est la prise d’antibiotiques, les gros bras du party que des fois on a pas le choix d’inviter. Ceux-ci, indépendamment du pourquoi vous en prenez, vont cibler et détruire les bactéries. Pas toutes. Mais c’est possible que votre flore vaginale mange une volée et que sa composition soit assez modifiée pour que les Lactobaccillus n’aient plus le pouvoir. Les douches vaginales, avec leurs agents chimiques et parfums vont agir un peu de la même façon (il est d’ailleurs recommandé de les éviter).
En conséquence, si les Lactobacillus n’ont plus le dessus, c’est là que la cavité vaginale se fait envahir. Les inconnus ou marginaux présents comme les Levures et Gardnerella vaginalis vont inviter leurs chums en profitant de la baisse du nombre d’invités et causer respectivement la fameuse vaginite à levures et la vaginose bactérienne. Il ne faut surtout pas oublier les partycrashers qui vont foutre le bordel dès qu’ils sont présents tels les bactéries causant la chlamydia et la gonorrhée, les virus comme le papillome humain et l’herpès ou encore le parasite Trichomonas moins connu que les autres mais qui sont tous des agents infectieux liés aux ITS.
Dans le fond, le concept à retenir pour ce qui est de la flore vaginale, c’est que son efficacité dépend de son équilibre. Tant que le pH demeure assez acide et que le Lactobacillus est la Reine d’la place, on évite le trouble. Malheureusement, certaines femmes ont des flores vaginales plus fragiles et celles-ci vont souffrir de vaginites et/ou vaginoses récurrentes. Conséquemment, la prise vaginale de capsules de yogourt qui contiennent une quantité importante de Lactobacillus peut aider. Pour ce qui est des ITS, notre flore a ses limites et le moyen le plus efficace de les éviter, c’est bien entendu de se protéger.
Finalement, connaître son vagin et comprendre son moyen de défense qu’est la flore vaginale c’est l’une des meilleures façons d’en prendre bien soin..
Références :
- FAUCHER Nicolas, Immunologie et microbiologie en soins infirmiers, Québec, Les éditions CEC, 2010, 230p. (1)
- COUTURE Bertrand, Bactériologie médicale 3e édition, Québec, Transcontinental, 1997, 423p.
Vicky J.
Étant technologiste médicale de formation, j’ai pu acquérir de nombreuses connaissances sur le fonctionnement de notre machine biologique. En vulgarisant ces théories, je souhaite renseigner le plus de femmes possibles, en particulier par rapport à tout ce qui touche notre précieux vagin. J’ai la ferme conviction que c’est une étape importante si nous souhaitons nous réapproprier notre corps et notre sexualité en tant que femme. Vicky J.
Clique ici pour visiter son profil Facebook
Ben caliss. 😀
J’aimeJ’aime